Les enfants aussi vont sous terre

Participants SCL et anciens: Christophe, Baptiste, Linda, Julia

 

Initiés:

Rémi et Joseph (8 et 3 ans)

Mélanie, Dany (adultes) et Léo (3 ans)

Sophie (18 ans)

En plus pour l’ambiance: Grégoire et Éliot (2 ans)

 

Temps passé sous-terre: samedi, 8h et dimanche 3h

 

Gîte: Bolandoz

 

Faute d’avoir trouvé un gîte libre plus proche de Montrond, nous logeons à Bolandoz. Le grand dortoir pour tout le monde, dont quatre bébés… L’arrivée vendredi soir est tardive pour Linda, Baptiste, Sophie, Grégoire et Éliot, suivis de près par Mélanie, Dany et Léo. Un petit atelier fabrication de longes pour les baudriers “ouistitis” prêtés par Laurent est improvisé en vitesse pour gagner du temps sur le lendemain. Léo s’entraîne déjà au ramping sous les tables, pour ne pas mettre son baudrier. L’arrivée est très tardive pour Julia, Christophe, Rémi et Joseph, qui profitent de la fraîcheur de la nuit pour visiter tout Bolandoz.

 

Á cette époque de l’année, le gîte est rempli de mouches et le dortoir est une étuve. Chaque bébé peut commenter l’endormissement des autres, pour le plaisir des parents. Seule Sophie dort comme une souche.

 

Samedi: les Cavottes

 

Le samedi matin, les enfants nous préviennent tôt qu’il est temps de se lever pour se préparer. Quelle bande de feignasses, ces adultes! Les préparatifs et le petit déjeuner se font au son du gazouillement des charmantes têtes blondes. Joseph est assez content de se balancer dans le baudrier. Léo le regarde d’un air inquiet.

C’est une grande première, nous emmenons sous terre une végétarienne, mammifère adapté au milieu souterrain mais toutefois incapable d’y manger la nourriture qu’on y trouve habituellement: le sandwich au jambon.

Après un petit trajet d’une vingtaine de minutes, nous avons la bonne surprise de découvrir qu’il n’y a personne d’autre aux Cavottes, ce qui n’était pas gagné d’avance, vu le taux d’occupation des gîtes.

Nous enfilons combinaisons, bleus de travail, baudriers, casques et autres bottes mauves ravissantes, le tout en un temps record mais pas dans le sens minimal. Seul Léo veut nous démontrer la constance de ses opinions et refuse donc de mettre son baudrier. Comme la première partie de la grotte peut se faire sans, nous n’essayons pas longtemps de le contredire. C’est le cagnard, et rentrer sous terre est un plaisir. Dany commence à soupçonner qu’elle aurait préféré ne pas mettre deux couches sous son bleu, et se contenter d’un T-shirt comme quand il fait moins douze dehors à Lens (ce qu’elle a d’ailleurs fait le lendemain, sans pour autant avoir vraiment moins chaud que la veille). Une première galerie où les enfants courent et les parents rampent nous met tout de suite dans l’ambiance. Léo nous le confirme: “c’est cool”. Première pause dans la salle du chaos, et petit encas. Nouvelle tentative musclée pour mettre le baudrier de Léo. Il n’est pas trop d’accord et nous gratifie d’un “c’est pas cool” tout en donnant des coups de pieds dans tous les sens. Julia, Christophe, Rémi et Joseph, en forme, partent devant dans la diaclase Duret. Léo est de nouveau en mode “c’est cool” et le reste du groupe suit donc sans problème. Christophe équipe la main courante du Faux-Pas. Rémi et Joseph la franchissent bien avec Julia, mais Léo est repassé en mode “c’est pas cool”, sans-doute pour cause d’utilisation du baudrier; quand on est maman, il faut parfois savoir prendre sur soi, et Dany le prend donc sur elle pour franchir la main courante, tout en manipulant les quatres longes. C’est un début sur corde comme un autre. Léo s’exprime tant et si bien d’un point de vue corporel, pour nous faire comprendre son sentiment, qu’il en perd une botte qui finit dix mètres plus bas dans un trou. Pendant ce temps, Joseph commence lui aussi à trouver le temps long, et Christophe et Julia nous crient qu’on fait demi-tour, les bambins en ont assez. Heureusement, c’est prévu, la sortie n’est pas loin, et pendant que la jeunesse ressort, Sophie reste avec Baptiste qui pose une corde pour descendre chercher la botte. Nous laissons l’équipement en place pour pouvoir redescendre avec un petit groupe motivé une fois les jeunes de retour au soleil. Sophie et Baptiste essayent une première fois la tyrolienne, qui ne fonctionne pas si mal avec la toute petite poulie de Baptiste.

 

Julia et Christophe ramènent donc tous les enfants au gîte où les attendent Linda et les jumeaux, pour une fin d’après-midi de jeux.

 

Sophie, Dany, Mélanie et Baptiste y retournent. Objectif: le P20 avant la boîte aux lettres.

Le parcours est aisé, et le ressaut permet à chacune de tester sur quelques mètres sa maîtrise du descendeur. Tout le monde s’en sort à merveille. Une petite visite géologique plus loin, nous atteignons le P20, qui demande un peu plus de concentration. Baptiste y fait un aller-retour rapide pour vérifier que la corde pleinpotte bien, et remonte s’installer en tête de puits pour mettre les initiées sur corde. Elles profitent toutes de la descente dans ce beau puits. Au fond, nous faisons une petite photo, et nous ne leur faisons pas le coup de la boîte aux lettres, faute de temps. La remontée se passe étonnamment bien, et surtout rapidement. On dirait qu’elles ont fait ça toute leur vie. De plus, parce qu’il n’y a qu’un encadrant, entre l’appareil photo, la bouffe et les cordes, il faut porter un peu de kit, ce qu’on essaye en général d’éviter pour une initiation, mais en l’occurrence, pas de problème. Elles ont fait ça toute leur vie, je vous dit. Nous empruntons la tyrolienne en rappelant la seule poulie que nous avons par une corde. La prochaine fois, il faudra penser à organiser cela pour les enfants aussi.

 

La soirée est conviviale, autour d’un plat de pâtes crues et des plaisanteries de Julia, notre polonaise du sud (à ne pas confondre avec Dany, la polonaise du nord). Après plusieurs tentatives, Joseph réussit enfin à coucher Christophe.

 

Dimanche: Les Ordons

 

Le plan est de quitter définitivement le gîte de bon matin et d’aller pique-niquer aux abords des Ordons, pendant que les uns et les autres alternent pour descendre sous-terre et garder les enfants. Une voiture doit partir devant pour équiper, et les autres doivent nettoyer le gîte. Mais bon, le plan, c’est le plan, et la réalité, c’est que nous mettons trois plombes à faire trois gestes, et que nous arrivons aux Ordons à une heure qui n’est plus matinale du tout.

 

Après équipement de Baptiste, Julia descend la première pendant que Baptiste pose une deuxième corde.

Rémi la suit. Arrivé en tête de puits, il nous démontre son sang-froid.

Extrait du dialogue:

Rémi: Là, j’ai un petit peu peur, c’est normal?

Baptiste: Oui, c’est normal. Tu es bien attaché, par cette longe, tu ne risques rien mais c’est normal d’avoir un petit peu peur.

Rémi: Ah, d’accord.

Baptiste: Donc, là, tu vas descendre avec le descendeur comme les autres, mais je vais te rajouter une corde pour te retenir moi-même d’en haut au cas où tu as un problème. Donc, quoi qu’il arrive, tu ne risques rien.

Rémi: Donc, si je comprends bien, je ne peux pas tomber. Je peux avoir peur, mais il ne peut rien m’arriver, c’est ça?

Baptiste: Oui, c’est ça.

Rémi: Ah, d’accord.

Puis il descend son puits de 20m, tranquillement (mais en ayant un petit peu peur).

 

Tout le monde profite des drapés, stalactites, mites, méduses et autres spéléothèmes, et quelques photos plus tard, nous remontons en vitesse dans la chaleur de l’été. Rémi impressionne tout le monde par sa remontée parfaite, et les autres ne se débrouillent pas mal non plus. Dany et Mélanie remontent en dernières en parallèle, et s’essaient avec succès à la technique de coincement de la corde entre les pieds pour tirer sous le croll.

 

Christophe, Julia, Rémi et Joseph nous abandonnent pour attraper leurs ânes de randonnée, puis nous lavons le matériel au pied du pont de Cléron, et Linda et Dany passent à l’eau.

 

Le prix spécial du jury pour ceux qui ont gardé les enfants sur terre pendant que les autres étaient sous terre. Linda, qui n’a de ce fait pas pu descendre, est déjà prête pour l’année prochaine, quand Grégoire et Éliot pourront l’accompagner…

 

Commentaires d’une participante:

Dany: C’était un super week end. Léo a (malgré quelques crises et moments de panique) vraiment apprécié. Il a même raconté à sa maîtresse qu’il avait grimpé comme spider man dans une grotte, et qu’il avait dormi dans un “zite” – ce qui lui vaut maintenant le surnom de “Léo le spéléo” à l’école. Je suis heureuse qu’il ait pu vivre une aussi chouette expérience. Et on va longtemps entendre parler de Joseph, Grégoire et Éliot à la maison, avec qui il s’est bien amusé.

Descendre sous terre et comprendre qu’il existe des endroits aussi magnifiques et calmes (sauf peut être quand je suis dedans) juste sous nos pieds, c’est une expérience vraiment enrichissante. Et les descentes et remontées dans les puits étaient tellement fascinantes (j’en ai d’ailleurs oublié d’avoir peur, ou d’avoir des montées d’adrénaline…). Je remercie encore une fois (je ne le ferai sans doute pas assez) Linda et Julia d’avoir gardé le petit ces deux après midi pour que je puisse descendre. C’était vraiment généreux de leur part.

Un des moments que j’ai réellement apprécié sous terre, aussi banal soit il, est le moment où, alors que nous étions en bas, et que Rémi remontait les 20 mètres, nous avons éteint toutes nos lampes et avons regardé là haut les silhouettes qui se dessinaient dans ce tout petit passage par lequel on était entré. C’est peut être là que j’ai vraiment pris conscience de l’endroit dans lequel on était descendu, et c’est là que je me suis vraiment dit que je voulais recommencer!

Merci aussi à Baptiste, qui a pris le temps de nous expliquer moult choses lorsqu’on était sous terre. C’était vraiment intéressant.

Pour finir (parce qu’il faut une fin à ce commentaire déjà trop long), il y avait vraiment une chouette ambiance dans le groupe, ce qui a rendu le week end encore plus sympa. Que du positif quoi 🙂