Hivernale au gouffre de la pleine lune

« Là, c’est sûr, il faut un compte rendu »


Ben oui, parce qu’il y a des choses à dire. Parce que voilà, j’aurais pu aller à un réveillon souterrain à l’Igue de Saint Sol auquel on m’avait invité, et puis non, allez savoir pourquoi, je suis resté sur le plan sortie « engagée » qu’on avait prévu. À quelle logique obéit-on donc ? mmm, bah ! C’est comme ça qu’on se retrouve en Suisse, raquette au pied et cheval mort sur les épaules, à marcher dans la neige épaisse et toute fraiche. À marcher… longtemps. 5km, en 2h.

2h c’est long. D’autant plus long que mes chaussures de randos rendues un peu trop rigides m’arrachent la peau juste au dessus du talon. Que les raquettes, c’est bien pour marcher dans la neige, mais quand on a les pieds tordus comme moi, surtout un en fait, et bé c’est pas si pratique que ça. L’arrière de mon jean est donc copieusement arrosé de neige par ma raquette droite… Ajoutons un sherpa aux lanières un peu mal réglées et voilà, ça tire bien sur les épaules.

Nous trouvons le trou sans trop chercher, merci le GPS, sans lui, nous n’aurions sans doute fait qu’une balade dans la neige. Vincent part équipper (le veinard, il va pouvoir être au « chaud »). Rapidement, Christophe plonge derrière lui (encore un veinard tiens). Et là… c’est l’attente. Tourner en rond, sauter sur place, taper dans les mains, faut faire un igloo, un point chaud aux acétos. Je resonge à la sortie de Karen à l’Igue de Saint Sol. Yves se demande s’il va descendre. Nous sommes sur le point de déclencher un secours.

Ouf ! On peut enfin enchainer, l’attente n’aura même pas duré une heure. On descend mollement à 3, Yves, Sophie et moi, histoire de prendre quelques photos. On rejoint Christophe et Vincent dans la grande salle où l’on se dit qu’on aurait tout de même pu apporter la théière et un réchaud.

Surtout que la suite s’annonce arrosée. Alors on va peut-être pas descendre plus loin, hein ? Surtout que Christophe est gelé. Et oui, là où il avait poireauté, c’était en plein courant d’air glacé… -270m ? non… -120. Et là, Yves est heureux d’avoir porté un kit de corde pour rien.

On remonte donc, assez efficacement pour que les premiers dehors n’attendent pas trop le dernier…

Mais c’est pas fini.

Faut renfiler les raquettes. Et là c’est le bonheur total. Et que je ravive mes ampoules. Et que je suis complètement déshydraté (c’est pas facile de boire de l’eau glacée). Et que mes pieds tordus m’empêchent d’avancer efficacement. À peu près à la moitié je me décide à boire. C’est toujours aussi gelé mais tant pis. Ajoutons une barre de céréales là dessus. Ah ça va mieux, même si je n’avance pas beaucoup plus vite. Le problème c’est le deuxième effet kisscool. L’eau froide, mon estomac il a pas aimé. Je vous passe les détails sur les arrêts d’urgence de la voiture. Je me contenterai de dire que mon surnom que je tairai s’est trouvé une nouvelle justification.